HAPPY BIRTHDAY SAINT-FONS JAZZ !
On n’a pas tous les jours vingt-cinq ans ! Le festival saint-foniard, créé et programmé par le talentueux et inspirant Norbert Gelsumini (à qui cette chronique est dédicacée) dont on peut apercevoir la bonne bouille dans le hall, encadrée par une main amie. Le festival fêtait donc ce samedi 25 janvier 2025 pile son anniversaire de jeune homme. Pour l’occasion, le Théâtre Jean Marais avait fait un brin de toilette (rénovation de la façade, peinture à l’intérieur et changement des fauteuils notamment).
Côté musique, il fallait un nom fédérateur et emblématique pour accompagner la célébration et ce fut le pianiste Giovanni Mirabassi, avec la classe italienne et l’humour de dandy qui le caractérisent, qui manie romantisme et lyrisme dans des compositions inspirées par le jazz et la chanson.
Il présentait à Saint-Fons son nouveau Quartet (The Swan and the Storm) car selon ses dires « nouveau cela fait plus chic, même s’il n’y a jamais eu de Old Quartet » ! Ce nouveau groupe met en lumière Guillaume Perret au saxophone ténor, une fois n’est pas coutume, dans un registre purement acoustique qui lui réussit formidablement bien. C’est l’apanage des grands d’être à l’aise dans tous les styles et configurations. Le premier morceau traduit par Mirabassi par « je doute toujours » installe la formation qui produit un jazz réjouissant affichant une belle complicité entre ses membres. Le morceau qui suit est dédié au pianiste américain Fred Hersch, Red for Fred. Et, notre Giovanni de préciser que toutes les compositions sont de lui, dont Cinquantuo et Getting Nasty. Perret se montre déchaîné de bout en bout avec des élans puissants. Les belles ballades, marque de fabrique du pianiste sont également présentes comme le titre éponyme du dernier album The Swan and the Storm pour lequel Mirabassi raconte l’histoire touchante de cette jeune femme danseuse connue à Odessa avec le confinement et qu’il fera venir en France au moment de la guerre en Ukraine. Cette explication rappelle que le compositeur est aussi un artiste engagé et ce n’est pas le rappel qui démentira cette caractéristique, mais nous n’en sommes pas encore là…Mirabassi est par ailleurs engagé dans la défense de la création musicale comme ce plaidoyer pour l’achat de disques le révèle : le pianiste annonce fièrement que l’an dernier il a fait un million de vues sur Spotify mais que cela ne lui a rapporté que dix-sept euros ! Il vante les mérites de l’achat de son dernier disque qu’il présente au public et du support album matériel en général. Il loue également à ce propos la belle couverture de son disque faite par un de ses amis de renom, Mangaka. Puis, profitant du départ de la scène par ses comparses, il improvise au piano solo un hymne anniversaire au Saint-Fons Jazz en lui souhaitant encore au moins vingt-cinq ans d’existence, voire plus. Le groupe enchaîne, sans son saxophoniste, un morceau dansant permettant au batteur cubain Lukmil Pérez de s’illustrer sur sa jazzette qui en a oublié son tom médium… Mais c’est déjà le moment de rappeler le quartet pour un Chant des partisans du plus bel aloi, endiablé et plein de fougue. Giovanni Mirabassi confie que « cela fait vingt-cinq ans qu’il joue et que c’est toujours autant la merde [politiquement] ! ».
Après cet élan militant nécessaire et salutaire les spectateurs sont ensuite invités dans le hall du Théâtre pour fêter dignement et avec deux gâteaux s’il vous plait (un pour chaque chiffre de l’anniversaire), ce quart de siècle du festival ; une belle fin pour une journée festive commencée sur le marché de la ville, et qui a également célébré le jazz avec une étape en Mairie à l’heure méridienne pour le vernissage d’une formidable exposition. Permettez-moi ainsi, une fois n’est pas coutume, un spécial « copinage » avec la mention de l’exposition de photos de concerts pour les vingt-cinq ans du Festival qui se tient durant la manifestation jusqu’au 31 janvier, dans trois lieux de Saint-Fons : l’Atrium de l’Hôtel de ville, Le Théâtre Jean Marais, et l’École de musique. Cette exposition rétrospective propose le regard sur les différentes éditions par les plus talentueuses et talentueux photographes de la constellation de notre association Jazz-Rhône-Alpes.com, à savoir : Marion Tisserand (également commissaire et cheville ouvrière de l’exposition), France de Stéfanis, Christophe Charpenel, Didier Martinez, Jean-Pierre Jacquot, Gérard Brunel et last but not least, Pascal Derathé (un peu « vraitographe » à ses heures !)
Line-up :
Giovanni Mirabassi: piano ; Guillaume Perret: saxophone ; Clément Daldosso: contrebasse ; Lukmil Pérez: batterie