11/04/2025 – Magma à l’Amphithéâtre 3000

11/04/2025 – Magma à l’Amphithéâtre 3000

Pour ses cinquante-cinq ans d’existence depuis sa création en 1969, le mythique groupe MAGMA démarre une tournée d’une vingtaine de dates dans de prestigieuses salles de l’hexagone. En quelques chiffres, Magma ce n’est pas loin d’une centaine de musiciens et de voix qui se sont succédées dans la formation au fil du temps, ce sont quinze albums studio (le tout premier en 1970 et le plus récent Kartehl en 2022) et une vingtaine de live et de vidéos couvrant toutes les époques et configurations du groupe, c’est un style musical la zeulh sous influence classique, rock, folk et jazz (notamment John Coltrane et Elvin Jones), c’est aussi sa propre langue le kobaien (environ huit cents mots) et surtout un leader, compositeur et batteur charismatique Christian Vander.

A peine les lumières éteintes, le chanteur Hervé Aknin s’avance sur le devant de la scène pour annoncer que la chanteuse Stella Vander, malade sera absente ce soir ainsi que sur toutes les dates de la tournée. Dans sa composition actuelle, Magma ne manque pas de ressources du côté voix féminines avec la présence de quatre autres chanteuses Isabelle Feuillebois, Caroline Indjein, Sylvie Fisichella et Laura Guarrato . Dans la section instrumentale, le groupe comprend deux claviers Simon Goubert et Thierry Eliez (souvent au chant également), un guitariste Rudy Blas et un bassiste Jimmy Top (fils de Jannick).

Dès les premières mesures, nous sommes plongés dans l’univers de Magma avec sa composition fleuve en trois parties K.A. (Kohntarkosz Anteria) qui va s’étaler sur une cinquantaine de minutes, tenant littéralement l’auditeur en haleine. L’origine de ce morceau date de 1972, juste après Mekanik Destruktiw Kommandoh et avant Kohntarkosz. Mis de côté, le morceau sera finalement repris sous l’angle de la jeunesse de Kontarkosz pour finalement aboutir après une longue période de mûrissement à la sortie de l’album K.A. en 2004. Comme il y a quelques années avec Emehnteht-Ré, les trois mouvements de K.A. sont maintenant mis à l’honneur et n’en finissent pas de révéler leur potentiel sur scène surtout avec la formation actuelle très riche en voix. Sur K.A I, les voix surgissent de toutes parts et dans tous les registres, le public approuve cette démonstration fusionnelle de voix et de rythme. Sur K.A. II, le morceau s’envole en voluptueuses montées et accélérations qui sont un secret préservé de Magma ce qui met en transe les initiés. La paix revient avec un premier Alléluia aux accents grégoriens. Tout est en place pour K.A. III qui fait une large place aux claviers et parties instrumentales dans une veine rock progressif avant un retour des voix et une nouvelle explosion d’Alléluia de plus en plus appuyés vers un final majestueux et grandiose.

Pour Auroville (une composition de Michel Grailler qui fut le pianiste de Magma au milieu des années 70), il ne reste sur scène que Simon Goubert et Thierry Eliez rejoints sur la fin du morceau par Jimmy Top. Cette pièce intervient comme un interlude intimiste bienvenu permettant tant aux spectateurs qu’aux musiciens de reprendre leur souffle après les trois épisodes décoiffant de K.A.

Tout le monde est de retour pour Felicité Thosz une suite d’une trentaine de minutes parue sur l’album éponyme de 2012 et qui fait également la part belle aux voix dès son début avec même quelques paroles en français « seule une fleur est venue au fond des bois… en mon cœur ; seule une fleur est venue du fond des bois… en mon âme ». Toutes les voix s’illustrent l’une après l’autre ou collectivement dans des chœurs célestes avant de laisser la place à une partie de claviers très « churchy » ! A leur retour, les voix s’enflamment et se teintent d’émotions et de prières avant que la voix chargée de gravité de Christian Vander, debout derrière son set, s’élève pour une évocation rituelle reprise en final par les chœurs. Le public debout, conquis ou (re)conquis selon qu’il s’agit d’une première fois en terre kobaïenne ou d’une nième fois, salue et en redemande.

En rappel, ce sera d’abord The Night we died , un titre de l’album Merci en 1984, introduit par le chœur féminin avant que Christian Vander vienne y poser sa voix grave. Pour le vrai dernier morceau Ehn Deiss (une composition de la période « Offering ») Christian Vander s’avance en devant de scène pour un magnifique moment de chant chargé d’émotions et délicatement soutenus par le reste du groupe soudé derrière son leader.

Avant cette tournée, Christian Vander avait fait savoir qu’il était toujours là malgré les cinquante-cinq ans d’existence de Magma. A l’écoute du concert de ce soir, on peut dire que le groupe dans sa globalité enchante toujours autant, qu’il est littéralement intemporel et au top !

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