Nouveau plateau au Diapason qui met la barre très haut avec un guitariste jeune, talentueux, discret, généreux et affable, Tom Ollendorff. Il joue ce soir en trio avec Will Sach à la contrebasse et David Ingamells à la batterie et vont nous interpréter pas mal de compositions de Tom.
Tom ferme les yeux un instant avant d’égrainer le thème de Three Bridges, avec un son clair, chaud et délicat sur ses cordes sur une carrure décalée, une phrase qui se répète de nombreuses fois avec juste un changement de tonalité dans les dernières notes ce qui nous entraine dans une vague douce et rythmée. Nos oreilles sont grandes ouvertes pour apprécier ce moment de grâce à la rencontre de cette étoile montante. L’improvisation de Tom tourne autour de ce beau thème et il utilise son looper pour accentuer cet empilement de séquences. La section rythmique s’accroche à lui pour suivre l’évolution de son jeu et y parvient parfaitement, l’écoute est permanente et l’énergie circule entre ces trois compères.
Nous restons dans son album Open House avec Bongo Beep, de Charlie Parker, sur un tempo très enlevé exposé par Tom qui survole ses cordes. Chacun y va de son discours sur ce standard. Will Sach a joué avec Wynton Marsalis qui a dit de lui « swinguant, attentif et pétillant » et c’est bien la sensation que nous avons, il fait vibrer la contrebasse harmonieusement et nous régale. David Ingamells partage un solo brillant avec la guitare puis s’exprime seul, très à l’aise autour des ces toms et cymbales. Le trio est vraiment au top.
Tom enchaine sur deux de ses compositions, Atlantic Angels, morceau très doux et délicat puis Untitled au contraire très enlevé, aux placements rythmiques improbables. Ce morceau fera partie du nouvel album qu’ils devraient enregistrer en juin prochain. Will part dans un chorus qu’il vit à fond et la batterie gère parfaitement malgré toutes notes jamais sur le temps.
Theses Foolish Things, standard de Jack Strachey, une magnifique ballade exposée par Tom sous le regard attentif de la rythmique. Encore une improvisation de la part de Will très harmonieuse.
Revenons sur Carnival écrit par Tom, introduit par la batterie. Toujours dans la douceur, Tom caresse ses cordes tout en les survolant avec sensibilité, se lance dans un solo qui monte dans les tours qui provoque un départ de la contrebasse enchainée par un huit/huit guitare contrebasse. Tom joue beaucoup sur des formules répétitives.
Le concert touche déjà à sa fin, à mon plus grand regret, avec un nouveau morceau inspiré par une tournée en Chine l’an dernier, West Lak, encore un très beau thème où tout le monde semble décalé, mais ensemble !!! Tom improvise seul avant que la batterie et la contrebasse ne rentre sur un rythme ternaire cette fois.
Bien entendu, le rappel est inévitable et nous terminons avec Body and Soul encore une superbe interprétation remplie de sourires et de regards qui en disent long sur ce plaisir de partager leur musique.
Bravo à Tom qui malgré son talent rend son jeu accessible tout en étant sophistiqué, tout en nuances et sensibilité et légèreté.
