
Le Festival des Détours de Babel, organisé par le Centre International des Musiques du Monde, permet chaque année de nous aventurer sur des chemins musicaux inhabituels, et au « détour » d’un de ces chemins, de faire des rencontres inoubliables avec des « musiques baroudeuses qui osent les croisements sans frontière ».
Pour clore cette quinzième édition, le Quatuor Demi-lune dont le tromboniste et compositeur Robinson Khoury est le leader, fut cette rencontre magique brouillant les repères, naviguant dans le temps et l’espace, et surtout convoquant l’émotion la plus subtile.
Le projet, que le quatuor nous offre ce soir en avant-première, est soutenu par le festival Jazz sous les Pommiers où Robinson Khoury est en résidence et où il sera présenté officiellement le 30 mai prochain.
Musique de chambre, musique classique, musique arabe, musiques anciennes, voilà l’univers musical singulier dans lequel navigue Robinson. Il interroge également ses origines libanaises qu’il conjugue avec l’électronique et le jazz. Tromboniste d’exception malgré son jeune âge, il est entouré ce soir de Eve Risser au piano, Lina Bélaid au violoncelle et Simon Drappier à la contrebasse.
Dès les premières notes, le charme opère. Répétitive et douce, Solitude, réveille en nous cette envie d’introspection qui nous anime parfois. Le son classieux du trombone, accompagne la délicatesse du violoncelle et la contrebasse. Jean Sébastien Bach apparaît avec Inventions et Sarabande en ré mineur, un clin d’œil au Maître. Comme un mouvement perpétuel, chacun prend le relais, utilise toutes les ressources de son instrument et où les duos contrebasse/violoncelle apportent une légèreté originale et magique.
De cette alchimie virtuose émerge des sonorités moyen-orientales, dynamiques et dansantes que le trombone exubérant explore, ou des moments de pure spiritualité lorsque Robinson, cette fois comme vocaliste, rend hommage à tous ceux qui meurent et qui redeviennent Poussière. Avec sa voix fluide et profonde, il met l’émotion à son comble.
Création singulière, à l’épreuve du temps et des modes, le quatuor Demi-lune nous a offert un concert d’une « magistrale beauté »