
Sorti le 18 avril, voici le nouvel opus du Trio Barolo composé par Philippe Euvrard à la contrebasse, qui a écrit tous les titres, sauf un que nous évoquerons, de Rémy Poulakis à l’accordéon et au chant et de Daniel Zimmermann au trombone. Nous en avions découvert quelques titres à Saint-Fons le 23 mars 2024 (voir ici).
Le recto de la pochette montre des silhouettes sombres regardant par la fenêtre d’un cargo la mer et des bateaux de marchandises au loin, le verso reprenant l’image du cargo.
L’impression première assez triste par ses teintes froides est cependant atténuée par le ciel plus clair qui pourrait évoquer l’espoir pour l’issue de ce voyage.
L’album débute par Retour à Mariampolé où est évoqué le retour du compositeur dans le pays de ses ancêtres émigrés, Rémy et Daniel dialoguent avec le soutien de la contrebasse.
Tu ca nun chiagne, seul morceau non écrit par Philippe, titre de Liberio Bovio et Ernesto de Curtis (poète et compositeur napolitains du siècle dernier), chanson d’amour en langue italienne, signifie « Toi qui ne pleure pas » a été interprétée par les plus grands ténors (Luciano Pavarotti, Roberto Alagna…). Vous serez conquis par l’interprétation magistrale et émotionnellement parfaite et engagée de Rémy.
Circo valse nous ramène à la joie, au tourbillon de la danse du thème, où en concert, nous avions l’impression que même la coulisse du trombone participait à la fête. Rémy siffle… Quelle fête !
Kabalnic dance est introduite par le trombone et sa sourdine, qu’il quittera ensuite, Daniel menant cette danse où Philippe a voulu mêler Kabbale et Balkans dans son titre. Rémy l’accompagne gaiement de sons et d’onomatopées, tandis que Philippe soutient ses camarades avec entrain.
Douceur céleste nous ramène à plus de calme. La mélodie est plus lente, ample, les trois musiciens sont unis dans une même contemplation.
Tango pour Seges -Seges serait-il une allusion à la Cie des Indes Orientales des Pays-Bas dont est originaire le talentueux Carjez Gerretsen que nous avions pu entendre à Crest en 2018 en invité du Trio Barolo dont son père, Francesco Castellani était alors le tromboniste ?- est introduite par la contrebasse à l’archet, rejointe par le trombone en sourdine et l’accordéon feutré qui se conclura cependant par un tempo plus vif, tango oblige…
Rémy entame Poniente, qui signifie ouest, occident. Daniel et Philippe se joignent à lui pour nous faire voyager encore, la joie est perceptible, l’espoir est là…
Bach to Alba, titre en forme de jeu de mots, qui allie l’évocation du « Maître » des instrumentistes à cordes et le petit village d’Alba où il réside, est, après un solo de contrebasse, une fête inspirée entre les trois musiciens, l’archet glisse, les cordes répondent aux doigts rapides, Rémy chante avec son engagement habituel et Daniel participe à cette fête avec un entrain communicatif.
Traversées est et restera sans doute un hommage essentiel à toutes ces traversées, à tous ces mouvements de populations intemporels, l’espoir d’une vie en communion avec ceux qui arrivent, ceux qui rejoignent une terre hospitalière… et leurs habitants.
Ces trois musiciens, tellement talentueux, nous ont fait voyager, comme leurs ancêtres avant eux, dans leur univers positif, engagé, gai, plein d’espoir…
Cet album indispensable nous fera voyager longtemps avec eux et il nous invite à aller les écouter et les rencontrer dès que possible…