Après l’album « Forêts », entendu et chroniqué l’an dernier lors du premier festival de Jazz en Avril de Roanne et déjà fort apprécié, le trio nous présente son dernier travail en résidence dans le Bocage sur le thème des Kachinas, poupées indiennes de la mythologie Hopi, qui célèbrent le monde des esprits, des émotions et des animaux.
Les titres sont en corrélation directe avec les Kachinas et les morceaux sont tous écrits par Emmanuelle Legros. Nous commençons par le thème des fleurs et du cosmos avec Blanc cosmos introduit par le piano et le son toujours magique d’Emmanuelle au bugle avant l’exposition du thème dans une ambiance très particulière, signature du trio, autour d’une très belle écoute des musiciens. Guillaume Lavergne accélère le rythme accompagné par Emmanuelle, cette fois sur son tout petit piano à queue au son très métallique dans des carrures asymétriques.
Nous continuons avec Le cerf, majestueux roi de la forêt qui se cache, dont les sabots sous les doigts de Guillaume avancent, s’arrêtent, repartent en notes espacées, irrégulières et syncopées.
Bien entendu, chez les Indiens, l’esprit de la pluie ne peut être oublié avec Hemis. Le public est mis à contribution en imitant, avec des claquements de langue, les grosses gouttes du début d’averses puis les plus petites et plus rapides, accompagné par Corentin Quemener à la batterie ; le rendu est vraiment génial. Le bugle se pose sur cette ambiance humide avec une mélodie très belle accompagnée par Guillaume sur le Fender Rhodes.
Revenons aux animaux avec Si tu entends la chouette ululer très minimaliste sur deux notes au piano miniature et au chant bientôt rejoint par Guillaume dans une formule répétitive sur laquelle Corentin part en improvisation. L’Aigle prend son envol à son tour sur un rythme tribal, des trilles au clavier et des sifflements à la trompette qui représentent la liberté avant l’atterrissage en douceur.
Après la pluie, le beau temps avec un morceau sur le soleil, Tawa, débutant sous une température de 59 degrés à laquelle les fourmis s’autorisent à sortir pendant que les scorpions se tiennent au frais. Emmanuelle frappe délicatement son petit piano avec des baquettes imitant parfaitement la course folle d’un troupeau de fourmis sur un rythme très régulier à la batterie amenant le thème au piano soutenu par Corentin au glockenspiel avant l’arrivée de l’orage.
Pour finir, d’anciens morceaux comme Carla en hommage à Carla Bley sur un thème au bugle tellement beau que mes yeux ont quelque peu transpirés, suivi d’une impro de batterie nous sortant de la torpeur, puis Humus aux sonorités de danse Irlandaise.
Tatanka poursuit sa quête aux envolées sauvages et n’a pas fini de nous surprendre. Nous attendons la suite avec impatience.