Pour le concert d’ouverture de Jazz(E) à Montbrison, le théâtre des Pénitents accueille Stick and Bow, dernière date de leur tournée française. Ce festival, comme chaque année, a pour volonté de mettre en lumière l’immense talent des femmes dans le jazz.
Le duo s’est rencontré au Canada, tous deux de formation classique, belle association entre violoncelle et marimba qui vont nous entrainer dans des univers allant du rock au jazz manouche ou du baroque au tango……
Leur première pièce Love me or leave me, est un arrangement de Nina Simone, cette grande pianiste classique interprète de Bach qui, n’ayant pas pu poursuivre, s’est tournée vers le jazz. La volonté du duo est de faire un pont entre le passé et le présent comme entre le violoncelle (instrument ancien) et le marimba (beaucoup plus récent).
Nous sommes d’entrée subjugués par la délicatesse et force à la fois de Krystina Marcous, de Québec, avec son magnifique accent, dont les mailloches volent et percutent les lames du marimba.
Nous voilà maintenant entrainés dans le monde d’Astor Piazzolla, ce très grand compositeur influencé par le tango, le jazz et la musique classique, avec Invierno Porteno. L’interprétation de Juan Sebastian Delgado, nous montre sa connaissance parfaite des subtilités de jeux de son violoncelle et de sa virtuosité. Le duo vit totalement sa musique et le partage allégrement avec le public.
En 2018, à Genève, ils rencontrent Louise Jallu, bandonéoniste très influencée par le tango argentin et ayant composé des œuvres entre tango et jazz. Elle leur arrange sa pièce A Gennevilliers pour leur premier album, une manière de continuer à faire évoluer le tango. L’interprétation de Stick &Bow débute sous l’archet de Juan Sebastian rejoint dans le calme par Krystina, installant un rythme très balancé et se terminant en douceur sur un harmonique sous l’archet du violoncelliste argentin.
Le concert se poursuit avec un enchaînement de 2 pièces en résonance avec le compositeur et pianiste argentin qui accompagnait Astor Piazzolla ; Gustavo Beytelmann, Imagines II (faisant partie du premier single publié par Gustavo et Stick & Bow « Revirado ») suivi de Apéritif écrit par le contrebassiste de Bill Evans, Chuck Israels, beaucoup plus « jazzy ».
Prélude pour piano seul n°2, de Gershwin qu’ils ont arrangé pour violoncelle et marimba, nous emporte dans une sphère sensuelle amenée tout d’abord par les basses et les bases de Krystina rejointe par le violoncelle qui prend par moments des airs de violon. De belles nuances du forte au pianissimo et une grande délicatesse de jeu.
Kristina s’empare d’un archet qu’elle frotte sur le marimba donnant une belle résonance dans une pièce de Stéphane Grapelli aux influences de l’Europe de l’Est.
Nous revoilà au Canada, ou plus exactement à Terre Neuve, territoire où le folklore est très présent et varié ainsi qu’une grande culture musicale, avec Folk Suite de Jason Noble. Le violoncelle interprète le chanteur ce qui lui donne la liberté de jouer un peu « faux » imitant parfaitement la voix humaine. Nous voilà partis pour une traversée en bateau dans un rythme endiablé scandé par la frappe au sol des bottes de Kristina quelle a discrètement enfilées pendant une partie solo du violoncelle.
Tout se calme sur l’Adagio de la première sonate pour violoncelle et piano de Beethoven, enchainé avec Space Oddity de David Bowie. Cette fois on peut vraiment se rendre compte de l’implication de Krystina dans son jeu en suivant ses pieds nus dansant au gré de son jeu.
Nous rejoignons l’Espagne avec une pièce de Luigi Boccherini, Fandango avant un premier rappel chaleureux du public sous le charme de la souriante et gracieuse Krystina et le plus discret Juan dans une pièce du catalan Pablo Casals, le chant des oiseaux, hymne à la liberté se terminant dans un silence de tout le théâtre suspendu aux baguettes du marimba.
Le public en redemande et pourra se délecter de Paranoid Android de Radiohead.
Pour finir après un troisième rappel fera entendre un résumé de la soirée pour fermer la boucle avec du blues et Bavela de Jason Noble.
Bavela est le nom du chat et ses 7 vies d’aventure, spectacle familial pour jeune public qu’il vont présenter cette semaine à Montbrison.
Comme vous pouvez le voir les artistes sont plein de ressources, ils nous font vivre leur musique et c’est un véritable partage que nous avons vécu.
Merci aux musiciens et à tous les organisateurs de ce festival Jazz(E) à Montbrison et à l’équipe du théâtre des Pénitents.
