15/10/2022 – Kiko Ruiz au Théâtre de Roanne

15/10/2022 – Kiko Ruiz au Théâtre de Roanne

A huit ans Kiko Ruiz grattait déjà la guitare de son père toujours à portée de main dans le salon, et le flamenco, musique vivante transmise de bouche à oreille, fait partie de son patrimoine et de sa vie.

Le répertoire de cette soirée au théâtre de Roanne est uniquement agencé autour de ses compositions imprégnées de flamenco, enrichies d’autres univers musicaux comme le jazz et la musique orientale.

L’ambiance s’installe délicatement avec la présence sur scène d’un duo guitare et cajón autour d’Iberico, nous préparant à cette très agréable soirée.

Leur projet, Âma la Vida, a débuté juste avant le Covid, et Kiko l’a composé dans son pays natal en Andalousie où il a su trouver l’inspiration tant par le lieu que par ses rêves.

Âma la vida, titre fort de cet album, nous fait découvrir le lien important existant entre tous les musiciens cette fois tous présents. Ruiz commence seul puis donne la parole à Sabrina Mouchet au violon qui se pose en douceur sur les notes de la guitare ; les instruments s’épaulent en homorythmie avant de se répondre entre eux.

Pour Kiko, la musique fait faire un travail sur soi-même, quel que soit l’instrument pratiqué, y compris la voix. Les thèmes suivants le prouvent.

Esquisse parle du moment présent, très important à ses yeux. Les arpèges égrainés par la guitare amènent le thème soutenu à l’archet par Louis Navarro avec sa contrebasse « pliante » et des nappes au violon. Le cajón de Juan Manuel Cortez résonne comme si un danseur virevoltait tout en faisant claquer ses talons.

Ils enchaînent avec Por Dentro relatant cette fois la beauté intérieure. Vous l’aurez compris, cette musique est très riche en émotions et en intensité.

La ballade Eloïse a été composée par Kiko Ruiz pour sa fille. Chaque instrument prend toute sa place avec finesse, le violon par des notes tenues soutenant la guitare, Juan Manuel cette fois sur ses toms et la contrebasse prenant toute sa place pour exprimer elle aussi toute la sensibilité émanant de ce morceau d’une beauté touchante.

Nous continuerons avec Loma del Pino sur un rythme plus latin avec toujours une belle présence de Louis Navarro accompagné de pizzicati au violon et d’un rythmique parfaite entre les accords de la guitare et des mains de maître du percussionniste sur le cajón, puis la douceur est ramenée sur Desorientad.

Nous voilà entraînés dans un tanguillo, Cadiz, avec des rythmes chaloupés, syncopés à en perdre son latin, et sur lesquels la virtuosité de chacun s’exprime lors de chorus qui nous font voyager en bateau de Cadiz jusqu’en Amérique.

Un des plus hauts sommet de la Sierra de Tejada, La Maroma, a inspiré Kiko dans ce morceau qui est une allusion à l’ascension de la vie avec une alternance de joie et de tristesse. Le chant y est bien présent toujours accompagné par sa guitare, sur des rythmes afro et latino.

Suivront Gotitas avec un solo de Sabrina faisant grincer ses cordes avec des sons très orientaux cette fois puis répondant au chant jusqu’à tous se rejoindre dans une entente parfaite. Une rumba s’enchaîne donnant envie de danser avec Primavera.

Kiko profite de ce moment pour remercier notamment Alain Lachmann, président du Papillon Bleu instigateur de ce merveilleux concert, et toute l’équipe de l’association.

Avant le premier rappel, la contrebasse nous entraîne en solo dans Sentir la vida rejoint par la guitare qui lui donne la réplique avant que tout s’anime accompagné par le chant puis par tout l’orchestre. Une fois encore une belle improvisation de la part de la violoniste d’une justesse et sensualité à la hauteur de tout le quartet. Le public séduit depuis la première note de la soirée rappelle chaleureusement les musiciens qui ne se font guère prier pour revenir avec une rumba composée cette fois pour son fils, San Rafael, très hispanisante. Cette fois nous aurons le plaisir d’entendre un chorus de cajón  pendant lequel Juan Manuel nous montre sa précision d’orfèvre et sa maîtrise totale du rythme.

Les spectateurs sous le charme en redemandent et nous avons le plaisir de finir par No necesito dinero signifiant que l’on n’a pas besoin d’argent Kiko rajoutant que, bien entendu, c’est une blague !!!

Voilà une soirée riche en émotion, sensibilité, écoute et partage.

Merci au Papillon Bleu pour cette belle découverte qui fait honneur à sa programmation de belles soirées musicales de qualité.

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