Avec Songes Transatlantiques, Jeanne Michard nous fait partager ce qu’elle a ramené des voyages qui ont marqué son esprit : l’Amérique Latine, Cuba et New York.
Avec Llorare, direction Cuba, sans escale. Nelson Paracio aux bongos, Natascha Rogers à toutes les autres percussions et Maurizio Congiu à la contrebasse, la section rythmique insuffle une énergie infernale. Clément Simon n’est pas en reste derrière son piano.
Les syncopes pleuvent comme à Gravelotte, la clave n’en manque pas une, la contrebasse vocifère, et Jeanne Michard distille thèmes et improvisations vigoureux ; rien n’y manque, technique, diversité, musicalité, décalages en tous genres, et surtout une grande énergie.
Tumba par Alfredo fait la part belle au pianiste, qui exécute un chorus dans la pure tradition des grands pianistes cubains. C’est aussi l’occasion de découvrir que tout se beau monde assure les chœurs, nappes aux couleurs vives sur lesquelles s’épanouissent les improvisations toutes plus hardies les unes que les autres. La fin du chorus de Jeanne sur backs des chœurs et percussions est saisissante.
Cavalcada commence comme une ballade ternaire, groovy à souhait du rayon « chaloupé ». Mais dès la sortie du pont, Maurizio Congiu, double la cadence, d’abord par petites touches sur deux ou trois mesures puis il y va franchement dès qu’il sent que les percus ont mordu à l’hameçon. La salsa a repris le pouvoir.
Acuerdate de tus sueños démarre par une rêverie au piano, sur laquelle vient se greffer une belle ligne de basse. Le thème est exposé à l’unisson par le trio sax-piano-contrebasse, les harmonies se dévoilent progressivement, les percussions prennent de l’ampleur, les chœurs entrent en lice et apportent la dernière touche à ces couleurs cubaines. Pour le chorus de percussions, les deux batteurs se renvoient la balle, tout en chantant de bon cœur, pour terminer par une grande partie chantée par le cubain de la troupe, Nelson Paracios. Il nous surprendra plus tard par une digression remarquée vers le monde du rap, dans laquelle tout le monde s’est laissé engloutir avec délectation. Natascha Rogers est survoltée.
Jeanne Michard nous rappelle à quel point New York a été une grande expérience pour elle, et rend un hommage à Duke Ellington avec Fleurette Africaine, qu’elle nous conte au rythme des chameaux.
Si señor, como no ! ménage une large place à la contrebasse, pour un chorus décoiffant, avec ce grain de folie que seuls les italiens savent apporter, et dont Maurizio Congiu ne se départit pas une seule seconde. En témoignent ses grands coups de corde de mi assénés dans la grille de Comparsa (Chucho Valdés), morceau qui encore une fois permis d’apprécier les talents de Clément Simon, qu’on pourrait décidément croire tout droit sorti de La Havane.
Fuerte, fort bien nommé, alterne rythmes latin et swing, puis viennent une berceuse et un love theme avec une habile transition entre le binaire et le ternaire, mais que je ne recommanderais pas pour endormir les enfants. C’est de la vitamine, qui met en forme pour une rumba finale qui met le feu à la cour. Impossible à la troupe d’esquiver un rappel tant le public est insistant, avec Bahia qui met tout le monde debout.
Jeanne Michard est un peu l’enfant du pays ; elle était particulièrement motivée et émue de se produire sur ce site magnifique qu’elle fréquente depuis sa plus tendre enfance. Cette première laissera ses marques dans les esprits du festival, de Poët Laval et alentour.