Sur scène, un piano et une contrebasse, un pupitre. Les conversations vont bon train, et c’est presque en catimini que Carine Bianco (piano) et Nicolas Bianco (contrebasse) prennent possession de leur espace de jeu ; en solo, la contrebasse emplit petit à petit l’espace sonore, en solo pour l’Esprit du jeu. Cet esprit-là est élégant, nuancé, parfois véloce, apaisant, fait d’harmoniques entremêlés (j’ignorais qu’on pouvait faire glisser un harmonique…) et de basses profondes ; et quand arrive le premier accord sur le clavier, c’est toute l’atmosphère qui en est sublimée.
En matière de création artistique, Carine et Nicolas Bianco ont fait leur le credo du peintre Georges Rouault: « L’œil capte la vision fugitive, l’esprit entend et le cœur chérit », que Nicolas complète de la sorte : « Perception, compréhension et émotion établissent ainsi l’équilibre nécessaire entre le rationnel et le sensible ».
Le premier set est consacré à la création de plusieurs compositions de Carine Bianco, qui font écho au bonheur d’être mère (Lélio), au trouble furtif d’un moment (Il fait nuit trop tôt), à l’admiration suscitée les œuvres de ses maîtres (L’homme derrière les lunettes, qui s’avère être Dmitri Chostakovitch).
Le second set fait la part belle aux compositions de Nicolas Bianco, dont la plupart ont déjà été entendues avec d’autres formations : orchestre symphonique, duo guitare-contrebasse, trio, solo …
Nicolas aime raconter à sa manière les histoires, les histoires de couleurs et de lumière (Accordi di colore), les histoires de lieux emblématiques (Nistos), les drames lyriques (Traviata Songbook), les histoires de famille (Lou Concerto, dédicace à sa clarinettiste de fille) et, les histoires vraies et extraordinaires des gens, qu’il a l’art d’écouter jusqu’à capter leur musique intérieure, à travers les paroles et les airs enfouis au fond de leur mémoire. Rezvan fait partie de ces morceaux issus d’expériences partagées.
« L’écriture de Nicolas Bianco trace les contours d’un univers. Son univers. Cohérent et rare, sachant ouvrir ses portes à l’imaginaire comme à ceux qui , respectueux de son harmonie, y pénètrent pour en enrichir les coloris ». Cette phrase du critique de jazz Alain Tercinet traduit à la perfection le ressenti de ce concert de haut vol, d’une musique reçue en plein cœur qui sait faire oublier une solide ossature érudite et technique.
Nota : L’Esprit du jeu peut se déguster en suivant le lien ci-dessous :
http://www.nicolas-bianco.fr/index.html