Une very Big(re) party, et c’est r’parti !
Show devant et chaud dedans, quoi de mieux pour ce premier concert que d’entamer l’année en joyeuse compagnie de la faramineuse armada de Bigre ! qui perpétue avec succès sa série de big partys, dans l’antre du Toï Toï obligé d’afficher complet.
Un signe qui ne trompe pas, il aura fallu prendre la queue et patienter sous une froide averse avant de pénétrer dans l’antre du Toï Toï où Bigre! a pris l’habitude depuis l’avant pandémie de donner des big(re!) parties bimestrielles et de plus en plus courues. On comprend pourquoi depuis qu’on avait découvert la formule durant l’hiver 2019 avec notamment Juan Rozoff en invité frénétiquement funky. D’autres soirées ont donc eu lieu depuis, notamment après la reprise post-Covid, et l’on se souvient d’une autre qui croisait aussi les voix de Célia Kameni, «titulaire officielle» du micro au sein du big band, à celle de Ciara Thompson qui se joint parfois à la troupe quand les Buttshakers lui en laissent le temps. Et c’est cette même configuration que l’on retrouvait ce soir avec joie pour entamer l’année dans la bonne humeur, avec aussi comme troisième invité l’auteur-chanteur et musicien lyonnais David Suissa, amoureux des mots dans une veine de chanson française réaliste qu’il aime marier aux rythmes chaloupés des musiques du monde, afro-caribéennes et aussi le maloya.
Célia prend d’ailleurs toujours beaucoup de plaisir à interpréter certaines d’entre elles arrangées par le boss de Bigre! Félicien Bouchot, parmi le répertoire du premier set qui offre la facette plus latino de la méga-formation qui aligne vingt pupitres dont treize cuivres et quatre frappeurs, chaque fois une prouesse pour un lieu si intimiste.
Mais c’est avec un tout nouveau titre que démarre la chaude soirée, un prochain album étant en route alors qu’on n’a même pas encore eu le temps de plonger dans le récent en date… Après une chauffe où chacun affichait le sourire de ceux qui jubilent d’en découdre, le premier morceau nous embarque dans un puissant afro-beat où la trompette du patron fera un long chorus. Déjà les cuivres disséminés de toutes part et les quatre percussionnistes au centre sont à l’unisson, et c’est toujours impressionnant de vibrer avec eux quand on est comme ici à seulement quelques centimètres de l’ensemble, presque avec eux sur la scène. Vient ensuite un titre plus latino parmi tous ceux repris à l’album Caramba, toujours très percussif avec des cuivres en avalanche et où Francis Larue mène la danse avec sa guitare rythmique. Son compère de Supergombo Vim à la batterie nous gratifiera d’un énorme solo comme il en a le secret, avant que l’inénarrable Fred Gardette, bateleur pince-sans-rire de l’équipe fasse les présentations. Quelques chansons avec David Suissa avant d’accueillir Célia («pour respecter la parité», selon Gardette…. au milieu de dix-neuf autres mecs). Au gré des titres, nombre des pupitres sortent de l’ombre pour venir poser un chorus en front-line, comme entre autre Thibaut Fontana alias Captain Saxo, sanglé dans son habituel uniforme d’aviateur. Des chansons à textes et en français, que la classieuse chanteuse s’approprie avec le glamour sensuel requis alors la mécanique du groove funky tourne derrière elle à pleine régime, avec la Fender Jazz bass de Nicolas Frache et les embardées du piano électrique d’Olivier Truchot.
Une première heure passée à une vitesse aussi folle que le son- forcément costaud- qui envahit les lieux, alors qu’après vingt minutes d’entracte le second set reprend dans la même veine latino, avec des chansons moulinées à la sauce cubano-brésilienne où l’on entendra,entre autres,un beau chorus de Jean Crozat au trombone basse.
La party a bien trouvé son rythme de croisière, la salle archi-blindée chaloupe au coude à coude et la banane aux lèvres quand on passe encore un cap avec l’arrivée de Ciara Thompson qui comme à son habitude entre pied au plancher dans le vif de son sujet, cette soul fougueuse et enfiévrée dont elle est la reine de la place, comme on a pu le voir dernièrement dans tous les festivals que les Buttshakers ont enflammés. Les degrés du sauna montent encore d’un cran et la foule massée (aux deux sens du terme..) exulte quand les voix des deux tigresses se complètent à merveille sur du R&B ou de la funk-soul ultra-bouillante, jusqu’à ce quasi rock’n’roll endiablé qui envoie du bois et où Ciara déchire tout.
Les trois micros des invité(e)s restent ouverts pour le final qui reprend un hit de Stevie Wonder, avant un New Orleans After the City offert en rappel et où cette fois, Célia dévoile une autre facette toute aussi brillante de son répertoire, dans un registre hip-hop et rap-funk où son flow n’a rien à envier aux MC du Bronx. Une vraie big party quoi, où comme d’hab on aura fait le plein de fun et bien trempé le maillot. Bigrement bon !