29/12/2023 – You Sun Nah à l’Auditorium de Lyon

29/12/2023 – You Sun Nah à l’Auditorium de Lyon

Vous êtes-vous déjà postés tout en haut du  deuxième balcon de l’auditorium de Lyon ?

La vue est prenante et englobe l’ensemble du gigantesque vaisseau qui vibre irrémédiablement à chaque représentation. Des salves d’applaudissements, quasi systématiques, qui s’auto entretiennent, enflent, et qui ont pu faire dire au philosophe Alain qu’aller au concert, gentiment, en respectant les codes et les bonnes manières, représentait le comble de l’hypocrisie. Trop d’empathie et de consensus est soit le signe du génie artistique, soit la marque d’une défaillance collective ou d’un leurre.

Je ne dis pas que la chanteuse You Sun Nah trompe son monde et ne présente pas tous les atouts de l’artiste accomplie et exceptionnelle : une voix étonnante, souple, féline, exubérante, qui passe de mélodies à peine susurrées à des débordements punk avec la même énergie.

Seulement on peut avoir une voix de rêve et ne dégager aucune émotion. J’ai, au fil des morceaux, courts, tenter de trouver une cohérence, un attrait, une mélodie reconnaissable si ce n’est re chantable, une once de swing, je n’ai trouvé que du bricolage. Pauvreté des arrangements, monotonie des airs, une surenchère de moyens, autant techniques qu’humains (un piano à peine joué, un synthé qui sature, un guitariste uniquement convaincant dans le folk blues, un contrebassiste génial, mais plus du tout quand il passe à la batterie), pour un rendu fade et sans saveur.

Cela m’a rappelé, toute proportion gardée, ce concert d’un guitariste génial, dont je tairai le nom car je le porte aux nues, et que j’avais entendu en duo avec une chanteuse au bar de la la Tour Rose de Lyon. On aurait dit un vendredi soir dans un camping au bord de la mer, une musique pour ambiancer les estivants.

Du gâchis, à mon goût, ce concert de You Sun Nah. Pendant que « ça passait », je me prenais à rêver : et si tous les groupes que j’affectionne, et il y en a à la pelle, tellement la scène jazz regorge de créativité, pouvaient se payer, ne serait ce que le temps d’un morceau, cette scène de l’auditorium, et jouer à guichet fermé ! Là, je comprendrais que le public les ovationne, je me joindrais à l’engouement quasi frénétique d’un public ravi et conquis. Ce soir-là, j’étais plutôt du côté des grincheux et des incroyants.

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