Depuis plus de dix ans l’infatigable « ZU » écrit, compose, interprète1, blogue, écrit deux romans, multiplie concerts, sortie d’albums et recueil de textes2.
Après ZU Solo, « Les Blouzayeurs » en duo avec Pascal Rosiak à l’accordéon, ZU déboule et déroule le grand jeu, le Blues Band formule quartet, la « Cadillac » du blues ! Je gaffe, formule anachronique, puisqu’il va s’attacher toute la soirée à nous démontrer que, sans renier la musique des King d’outre-atlantique (B.B., Freddie et Albert King), c’est bien depuis toujours avec le « french-blues » qu’il se sent le mieux les tripes à monter sur scène et il ne cache pas ses maîtres : Patrick Verbecke, Bill Deraime, Paul Personne et son pote Benoît Blue Boy. Non sans humour, ZU se revendique auteur de terroir, producteur d’un blues bio, goûteux, plein de vitamines fraîchement récoltées dans la langue française et acheminé en circuits courts comme ce soir à Villeurbanne et on ne sera pas déçu.
Après le festival « RhinoJazz(s) » cet automne, c’est au tour du festival « les Guitares » et à son directeur Laurent Vincenza que l’on doit la bonne idée d’avoir invité ce soir « ZU et les Zigs » dans l’agréable salle de l’espace Tonkin.
C’est pour l’essentiel la musique du dernier album « ZU et les Zigs / Acte I, Scène1, en concert à la Grooverie » qui nous sera jouée ce soir.
Premier morceau en solo à la guitare Dobro, ZU en profitera pour annoncer la couleur de son « french-blues » et il sera vite rejoint par les autres musiciens pour un grand set intense.
Voici quelques-uns des titres déroulés toute la soirée avec aisance et conviction :
– B.B. Albert et Freddie premier couplet : « c’est l’histoire d’un mec qui veut faire du blues. Alors il va voir un pote et lui demande : – Dis, t’aurais pas des disques du King ? Alors l’autre lui répond :- Ah ouais, tu veux faire du rock’n’roll ? – Ben non, je veux faire du blues électrique … – Mais alors, t’as rien compris ! Allez viens… on va chez B.B., Albert et Freddie ! »
– Puis le « Le zoo du bonheur » ou les méandres des sites de rencontre internet.
– ………………………
– « Que le rose nous grise » « Il est tard pour l’étau – Faudrait s’envoler plutôt – Pendre la prose, lâcher prise – Que le rose nous grise – Que le rose nous grise »…
– « Homme de joie » tiens c’est pas courant qu’un bluesman cite Barbara…
– « Le blues des shoes » et oui, on en use des pompes dans sa vie…
– « Pourvoir » contre l’étau du pouvoir ?
– « J’suis bourré » traduction presque littérale de « I’m Tore Down » chanson écrite pour Freddie King
– « Je parle mal » ça explique aussi pourquoi le blues on le fait en français…dit-il, modeste.
Les commentaires et l’humour du boss sont toujours assez imprévisibles et font mouche à tous les coups. Chaude ambiance dans le public, le Band sait séduire et le rappel sera généreux avec deux titres des pionniers :
– Allonz’ au tortillage de Benoît Blue Boy. Le tortillage c’est le twist.
– Et Tire ailleurs le premier tube de Bill Deraime
Nous avons eu grand plaisir à découvrir ce soir un Blues Band au groove très affûté, l’efficacité redoutable des arrangements, la grande précision de Laurent Coulaud à la batterie, la nappe suave de Jean-Michel Fabris à la basse et sur de beaux registres de clavier un Georges-Henry Peyrin plein d’inventivité. Avec un timbre de voix fluide et subtilement râpeux, ZU embarque tout le monde, fait swinguer la langue, et confirme un vrai talent de subtil guitariste. Mais on l’aime aussi plus énervé et son chorus sur « Que le rose nous grise » pour ne citer que celui-là, véritable litanie d’écorché vif à la Hendrix en a scotché plus d’un dans le public, des comme ça on en redemande aussi !
Nous souhaitons longue vie à ce très beau Blues Band, de la belle ouvrage !
Très important aussi dans la réussite d’une telle soirée, citons le beau travail de Fabrice et Pierre à la Régie son et lumière. Merci au Festival Les Guitares pour cette pertinente programmation. Dernier concert de cette édition, Koum Tara (chaâbi, jazz et cordes) le vendredi 10 décembre à 20h à l’Espace Tonkin.
Nicolas Content “ZU” : Guitare, Guitare Dobro, voix
Laurent Coulaud : Batterie
Jean-Michel Fabris : Basse, Choeurs
Georges-Henry Peyrin : Clavier
(1) plus d’infos sur le site https://zublues.fr/ qui vaut un grand détour.
(2) notamment le recueil de textes de ses chansons « Le blues dans tous mes états », préfacé par Benoît Blue Boy et édité chez le Pédalo