En 2017, lors d’un concert au Jazz club de Grenoble, Alfio Origlio avait invité à l’accompagner sur quelques morceaux un tout jeune timide guitariste de 18 ans au visage poupin.
En 2022, Noé Reine n’est plus le même. Tel un papillon sorti de sa chrysalide, c’est un homme qui ce soir, accompagne le pianiste Alfio Origlio, son mentor.
Si le maître est un pianiste génial qu’on ne présente plus dans notre région, l’élève ne l’est pas moins. Surdoué et autodidacte Noé Reine a troqué sa guitare acoustique pour une guitare électrique qui semble ne plus avoir aucun secret pour lui.
Leur musique est incarnée. Elle passe par leurs yeux, leurs sourires. Chacun s’épie, se surprend, se reprend parfois, se régale toujours, semblant composer leur musique au fur et à mesure de leur improvisation. S’il fallait trouver des mots pour la qualifier, je dirais :
Liberté, complicité, inventivité et virtuosité.
Le jeu luxuriant du piano s’accommode bien des accords sophistiqués de la guitare, pour ce duo original prêt à tout pour le plaisir de se surprendre. Le piano devient guitare et inversement, la fusion et l’intelligence de leurs compositions les rend atypiques et multi instrumentales.
Alfio ne manque pas d’idées, toujours à l’affût d’une sonorité, il tapote sur les cordes du piano, caracole sur son clavier, s’il ne le cogne pas. La musique s’emballe ou s’adoucit. La guitare casse le rythme, le son devient cristallin, violent, délicat.
Nous passons ainsi de balades : Sérénade à Loulou d’Alfio, Persistance of memory ou Médusa de Noé, La Javanaise de Serge Gainsbourg où le lyrisme et la mélancolie priment ; à des variations plus dynamiques comme Il était une fois la révolution, Alfio étant amoureux de la musique d’Ennio Morricone, ou Matrix de Chick Coréa, Mac Do c’est fini, Viking Boat.
La dernière composition de Noé intitulée La mineur 11 porte bien le nom de la complexité de cette composition.
Ils nous ont quittés au son de What a wonderful World. Grâce à eux ce soir, on y croirait presque encore à ce monde merveilleux !