ll y a des grands soirs au Hot Club de Lyon où le public singe les sardines dans leurs boites et les autres … La salle peine à recueillir une dizaine de spectateurs si l’on omet les bénévoles.
Dig Dug Dug : Le trio de ce soir, au nom foutraque, nous vient de Suisse. Si vous vous souvenez de vos verbes irréguliers anglais To dig (creuser) donne un prétérit irrégulier : dug et un participe passé irrégulier : dug. Ce trio va donc « creuser » son sujet sous toutes les formes et à tous les temps. Les trois protagonistes sont issus des meilleures écoles helvètes et font une petite tournée transfrontalière pour présenter leur nouvel album « Can’t see what you don’t say ».
Après quelques mesures âpres et un tantinet barrées ils nous montrent qu’ils maîtrisent aussi un style plus classique. Mais cela reste tout en contraste. Le I fall in love too easily est d’abord arrangé puis dérangé. Quand le contrebassiste Bäenz Oster part en chorus le pianiste Thomas Florin choisi la voie du désaccord.
Une des cordes de la contrebasse vibre bizarrement… il en profite pour bien tourner autour.
Et puis Thomas Florin nous emmène dans un univers que Thelonius n’aurait pas renié.
De son côté le batteur Samuel Dühsler fait un joli travail d’accompagnement, très présent aux balais. Au passage on retrouve un autre standard, Old devil moon dans une version très personnelle où le pianiste s’amuse à tourner autour du thème.
Après une séance capharnaüm on reprend ses esprits et on croit reconnaître un thème du pianiste et compositeur breton Didier Squiban… un peu passé à la moulinette. (Pas sûr que Thomas Florin connaisse Squiban…ni vous non plus d’ailleurs, c’est dommage.)
Ce premier set s’achève sur une composition de Thomas Florin, une ballade fort joliment tournée.
Au second set ils sont rejoint par un compatriote Zacharie Canut au sax ténor. Ils ont peu joué auparavant ensemble alors ils profitent de la scène du Hot Club de Lyon pour faire plus ample connaissance.
Cela débute par un morceau des plus classique When will the blues leave d’Ornette Coleman interprété très habilement et sagement puis les hostilités sont lancées et le quartet alterne entre improvisations déjantés avant de se retrouver sans qu’on le devine sur un mode hard bop … qui ne dure pas. Le feu reprend vite. C’est la caractéristique de cette formation que d’alterner rapidement mainstream et free.
Un autre maître est convié sur scène. On reconnait Along came Betty de Benny Golson interprété de façon très sage avant de finir ce concert fantasque et attachant sur un « truc de Monk ».
Merci messieurs pour ce vent de fraîcheur.
Thomas Florin: piano, compositions ; Bäenz Oster: contrebasse ; Samuel Dühsler: batterie ; Zacharie Canut: sax