10/11/2023 – Courtois / Erdmann / Fincker au Périscope

10/11/2023 – Courtois / Erdmann / Fincker au Périscope

Quand le trio se mue en duo…

Il était une fois le trio Courtois / Erdmann / Fincker en résidence au Périscope. Tout se passait pour le mieux, les trois comparses créaient de la musique à foison et travaillaient sur le projet Lines for Lions qu’ils devaient proposer le vendredi 10 novembre au public lyonnais à l’issue de leur résidence… Mais le Karma devait en décider autrement : la veille  du concert, le saxophoniste Daniel Erdmann préférant faire son jogging que déjeuner avec les deux autres chuta et se blessa l’épaule… Conclusion énoncée par Courtois paraphrasant Churchill « Il ne faut jamais faire de sport » ! Que faire dès lors ? Annuler le gig ? Après une résidence cela aurait été un peu dommageable, reconnaissons le. Donc en bons improvisateurs qu’ils sont, le violoncelliste Vincent Courtois et le saxophoniste/ clarinettiste  Robin Fincker, rescapés du trio (et du sport !), décident de proposer tout autre chose que le programme initialement prévu : une longue improvisation musicale se basant sur le travail fécond de la semaine passée. Il faut dire que cette formule musicale ne fait aucunement peur à Vincent Courtois, lui qui est un habitué des duos improvisés comme avec son complice de toujours Louis Sclavis. (groupe qui a été durant longtemps un régal de créativité, de beauté et de complicité) ; la barre était du coup un peu élevée pour ce duo improvisé de ce soir, et n’est pas Louis Sclavis qui veut.

Le duo propose durant une heure un morceau unique fait de beaux moments notamment quand le saxophone ténor se mue en souffles amples pour accompagner le violoncelle lyrique et puissamment rythmique. Mais les plus beaux moments sont ceux durant lesquels Fincker prend la clarinette et guide Courtois vers d’autres territoires… Le rappel (« Juste un petit morceau, après j’ai footing ! » confie Courtois) est un beau moment sur des variations qui empruntent à la musique et aux sons Klezmer, mais on reste un peu sur sa faim à la fin d’un concert en demi-teinte, avec une déception de ce qu’aurait pu être le trio initialement programmé.

Courtois assure qu’il reviendra, qu’il aime jouer à Lyon et qu’il sera à nouveau présent d’ici la fin de l’année pour une célébration du violoncelle et de la nouvelle génération de l’instrument à l’Opéra Underground. Il rappelle au public aussi ses passages notamment du côté du festival A Vaulx jazz  il y a quelques années et l’encourage à soutenir des lieux comme le Périscope qui sont de moins en moins nombreux selon ses dires… Ce à quoi un spectateur facétieux de la salle lui réplique par un bien senti « C’est bien pour çà qu’on est là ! ». Il faut dire que le travail de cette salle est exemplaire à plusieurs titres : non seulement il y est programmé parmi les artistes les plus intéressants et féconds du jazz et des musiques improvisées du moment, mais il laisse la place à la découverte de talents locaux et régionaux, accompagne, encourage, fait connaître des esthétiques. Il est aussi un magnifique exemple d’équipement en réseau avec les autres lieux (notamment européens) de la scène jazz, et son Directeur se démène pour multiplier les convergences  tous azimuts, et faire insérer et rayonner son équipement dans le paysage des salles dites de « musiques actuelles ». Il accueille aussi ce mois-ci le nouveau forum de la plateforme du jazz en Rhône Alpes : « JAZZ(s)RA » avec un beau programme et une occasion pour les professionnels du secteur de faire de belles rencontres, tisser des réseaux, se former, découvrir…C’est un moment exceptionnel pour la filière du jazz dans notre région. Le Périscope est finalement le lieu de tous les possibles pour notre musique préférée, que cela soit pour les professionnels ou les amateurs de jazz qui y trouvent une jauge adaptée, un  accueil chaleureux, et une programmation variée et recherchée, What else ?

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