Avec son nouvel album Live au Hot Club de Lyon enregistré et mixé par le président du club Ludwig Laisné qui signe également le texte de présentation, le saxophoniste et compositeur lyonnais Michel Fernandez assume complétement son évolution vers un quintet à deux saxophonistes déjà initié sur quelques titres du précédent album de 2022 Global Warning .Ici toujours avec la solide ossature du Magnetic Orchestra, Benoît Thévenot au piano, François Gallix à la contrebasse et Nicolas Serret à la batterie, les saxophones alto et baryton de Julien Chignier prennent toute leur place aux côtés de Michel Fernandez qui se réserve le soprano et le ténor couvrant ainsi une large palette de la famille sax.
Murement réfléchie, la setlist de ce live a pour ambition de capter le parcours du groupe en fixant sous un nouvel angle quelques titres forts des derniers albums, mais aussi d’afficher quelques nouvelles compositions rodées en concert, mais pas encore enregistrées.
On commence par le thème La foret de Bougarabou, au départ un traditionnel de Casamance (Sénégal) qui a maintenant acquis la dimension de classique, voire de tube pour Michel Fernandez qui l’a arrangé et l’interprète dans tous ses concerts ; il en donne ici une nouvelle version prenant en compte la présence des saxophones de Julien Chignier ce qui dynamise encore plus une composition déjà bien tonique. La composition suivante Archie est signée du contrebassiste François Gallix qui l’introduit par un dense chorus de contrebasse avant que le reste du quintet rentre progressivement en piste, notamment les saxophones qui s’affirment de plus en plus dans la veine de leur inspirateur Archie Shepp.
Avec Global Warning (de l’album du même nom en 2022) le ténor et le baryton grondent séparément ou ensemble, voire même menacent alors que le piano de Benoît Thévenot illumine et éclaire le morceau pour finalement entrainer le quintet vers un final beaucoup plus porteur de raisons d’espérer et d’agir. Chromatisme crânien, une composition inédite du batteur Nicolas Serret s’ouvre par un chorus de batterie avant l’arrivée du soprano et de l’alto toujours soutenu par une rhythmique implacable et jouissive.
Diminutions est une nouvelle composition de Michel Fernandez qui met en valeur le jeu simultané des deux saxophonistes tout en laissant à Benoît Thévenot un espace pour un chorus de piano. For Ludwig L. est un interlude solo de ténor comme tout directeur de club aimerait en avoir de la part de la part d’un musicien qui joue chez lui !
Dans notre chronique de l’album Global Warning en 2022, nous avions noté que la composition de Pierre Dorge Xongly, ici reprise, était un sommet et avait tout pour devenir un plat de résistance pour les concerts ; c’est bien ce qui se produit ici avec le jeu puissant des saxophones et les interventions brillantes du piano boostées par une rhythmique précise et soutenue : on a ici à la fois toute la palette des possibles et tout l’art d’un grand quintet.
Pour le final de ce live, le choix judicieux s’est porté sur une reprise de High Life (sorti initialement sur l’album « Mélanges de rages » en 2019) ; il s’agit d’un calypso dans la veine Sonny Rollins fait pour les éclats complices des deux saxophones solidement appuyés par une section rythmique rayonnante et ensoleillée.
Au final, un album parfaitement réalisé tant au plan de la qualité sonore que du choix des compositions jouées par des musiciens à leur zénith. Le passage du quartet au quintet signe pour Michel Fernandez une nouvelle évolution qui mérite reconnaissance et succès.
A découvrir absolument !
L’album sort le 28 Mars sur le label Atypeek Music, distribution digitale Atypeek Music et distribution physique Socadisc .
